2ème sous-sol
RÉALISATION: Franck Kahlfoun
SCÉNARIO: Franck Kahlfoun, Alexandre Aja et Gregory Levasseur
AVEC: Wes Bentley, Rachel Nichols, Paul Sun-Hyung Lee, Grace Lynn Kung et Simon Reynolds
Alexandre Aja et son complice Gregory Levasseur, ont écrit P2 ensemble. Parce qu’il trouvait que le film n’était pas de son style, Aja laissa les reines à Franck Kahlfoun, pour qui se fut une première réalisation. Ce dernier n’est connu que pour son rôle de Jimmy dans l’excellent Haute Tension.
La veille de Noël, Angela Bridges se retrouve obligée de travailler plus tard à un projet très important. Une fois terminé, elle se rend au stationnement sous-terrain pour y constater que sa voiture ne veut plus démarrer. C’est alors que le gardien de sécurité offre de l’aider. Cependant, ce dernier se trouve à être plus dérangé qu’il n’en a l’air !
Dans la même veine que Haute Tension et The Hills Have Eyes d’Aja, P2 est un film rempli d’action et d’intensité. La plus grande qualité que le long métrage possède est son réalisme. Le problème avec la plupart des slashers ou des films de survival, est que rien n’est probable. Le héros n’est presque jamais blessé ou alors le tueur est beaucoup trop puissant. Cependant, Aja et Levasseur ont préféré laisser place à la crédibilité. Par exemple, le tueur est loin d’être parfait, il commettra plusieurs erreurs et se fera blesser à plusieurs reprises. Aussi, le scénario est très original de par le lieu qu’Aja et Levasseur ont choisi pour placer leur film. On sait que les femmes ont toujours peur de se promener la nuit dans des stationnements souterrains mal éclairés et glauques. Enfin on utilise le potentiel physique et horrifique de ce genre d’endroit à son maximum. Jouer sur de vrai peur est toujours très intéressant.
Cependant, il n’y a pas que Aja et Levasseur qui respecte le réalisme, Franck Kahlfoun aussi ! Avec son rythme qui peu paraître lent, il démontre plutôt le réalisme de ce genre de situation. Essayer de survivre dans un stationnement souterrain de quatre étages n’est pas une partie de plaisir et cela peut prendre du temps à trouver une issue ou une solution. Ainsi, là où certain verront des longueurs, ce sera plutôt un rythme lent imposé qui s’y trouve. Comme j’ai mentionné plus haut, Aja avait refusé la réalisation de ce film car il n’était pas de son style à lui. Mais, à plusieurs reprises, Kahlfoun va emprunter le style et le même genre de tension dans lesquelles Aja excelle. Le jeu du chat et de souris que Kahlfoun nous sert est très réussi. La tension est constamment palpable, autant lorsqu’Angela se sauve que quand elle est dans les griffes du tueur. Par exemple, alors qu’Angela est enfermée dans le coffre de sa voiture et essaye d’en sortir, une patrouille de police ayant reçu un appel de détresse fait une ronde dans le stationnement. Durant toute la scène on sera sur le bout de notre siège pour voir si Angela réussira à s’échapper de son kidnappeur. De plus, Kahlfoun semble prendre un plaisir fou à faire attention aux petits détails. Par exemple, si l’héroïne appel la police sur un téléphone et qu’elle saigne, les touches 9 et 1 seront tachées de sang. Tout cela est montré de façon très subtil, mais ce sont des attentions plaisantes à remarquer.
Un aspect assez surprenant du film est la quantité de gore qu’il contient. Alors que normalement dans ce genre de film, tout passe par la réalisation serrée, Kahlfoun nous sert des trippes et du sang. D’ailleurs il y a une scène sanglante dans une auto qui nous fait rappeler la scène finale d’Haute Tension. Certains moments du film ne plairont pas à ceux qui détestent les émotions fortes.
Le seul bémol, assez gros, du film est sa finale. Durant tout le film, Kahlfoun nous impose une réalisation dure, réaliste et une bonne dose de gore. Cependant, il se la fait à l’eau de rose durant la dernière minute. Tout dans son film nous laissait présager une fin époustouflante et hors du commun, mais ce ne fut qu’une illusion. C’est un peu dommage car cela change tout le ton du film et semble démontrer que Kahlfoun voulait jouer prudent pour son premier film.
P2 laisse présager un avenir lumineux pour le monde de l’horreur. Démontrant qu’il est de la même souche qu’Alexandre Aja, Franck Kahlfoun risque de faire d’aussi bon film que son mentor. Qui sait, avec des jeunes talentueux tel que Alexandre Aja, Franck Kahlfoun, Eli Roth, Adam Green et j’en passe, on pourrait avoir droit à un « rat pack » de l’horreur d’ici quelques années !
8/10
Dominic Paulhus pour www.horreur-web.com